Spécialiste des marchés non-concurrentiels, l’économiste Emmanuelle Auriol livre dans son essai une analyse aussi inédite que passionnante de la problématique de la lutte contre l’un des plus importants fléau mondial : le crime organisé. Et si la solution était dans la légalisation ?, ose la chercheuse. Une piste qui ne manquera pas de choquer les tenants du tout répressif. L’experte constate que la répression ne suffit plus, même si elle reste indispensable. Deux chiffres : malgré 650 milliards de dollars investis chaque année dans le monde par les Etats pour leur sécurité, le crime organisé génère des recettes de l’ordre de 870 milliards par an ! Dès qu’un réseau criminel est démantelé, un autre parfois plusieurs, voit le jour pour prendre sa place. S’appuyant sur les apports de l’analyse économique, le lecteur découvrira au fil des pages des pistes innovantes pour lutter contre les lucratifs trafics dont se nourrissent les organisations criminelles mais aussi terroristes. Et l’auteur de rappeler que l’argent sale est toujours le nerf de la guerre menée par les fanatiques et les extrémistes comme Daech. La légalisation est donc un instrument majeur dans ce combat des Etats. Mais que légaliser ? Et comment ? Emmanuelle Auriol s’intéresse à trois marchés interdits : ceux de la drogue, de la prostitution et de l’immigration clandestine. Elle propose des solutions « économiques » à la puissance publique. Mise sur le marché officiel de certains psychotropes, reconnaissance par un statut décent des travailleurs du sexe, vente de visas pour les travailleurs immigrés associés à une augmentation considérable des inspections contre le travail clandestin, etc. Une logique de légalisation qui a malgré tout ses limites. D’abord sur les marchés à légaliser. De part leur nature intrinsèque, – crimes sur des personnes -, certaines pratiques sont irrémédiablement exclues comme la pédophilie, le vol d’organe ou l’esclavage. Ensuite sur les effets pervers parfois générés en particulier la hausse de la consommation. Emmanuelle Auriol n’élude rien ce qui renforce son propos. S’il veut redevenir maître d’une situation qui lui a échappée au profit des criminels, l’Etat devra changer de stratégie. Combiner répression et politique de l’offre semble une piste à explorer. Ce débat s’invitera-il dans la présidentielle ?
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