décembre 4, 2017 · Non classé

Avec la prévention, la consommation fait enfin son entrée de plein pied dans la sphère de la gestion des déchets. C’est en effet le consommateur, en tant qu’acheteur puis utilisateur des produits, qui détiendra, comme on a pu le voir, l’essentiel des moyens ou des leviers de ces démarches préventives. Celles-ci viennent ainsi achever le mouvement de re-responsabilisation et de participation active du citoyen, déjà engagé au travers du développement de la collecte séparative et des pratiques de non mélange à la source, parfois d’apport volontaire, que celle-ci suppose. Le citoyen y trouve l’occasion d’exercer de façon plus complète et cohérente l’ensemble des rôles qui peuvent être les siens dans ce domaine : usager du service, trieur dans la pratique, contribuable pour en assumer les coûts, administré et électeur ayant son mot à dire, mais aussi consommateur à même de faire lui-même des choix. D’ailleurs, la question relative aux moyens permettant d’aller plus loin et d’éviter la production de déchets est, par la force des choses, une demande en puissance chez les usagers du tri. On pourrait dire que celui-ci les rend plus intelligents, parce qu’il rend enfin « intelligible » la poubelle et son contenu . Les études menées par la COFREMCA en 2000 pour le compte du Conseil National de l’Emballage et d’Eco-Emballages S.A. montrent bien que la pratique du tri rend le citoyen intelligent, plus sensible aux problèmes d’environnement et plus attentif au contenu de sa poubelle. Ce qu’on jetait précédemment en mélange et de manière aveugle prend un autre sens : le trieur doit y accorder davantage d’attention ; les objets en passe de devenir des déchets reprennent une identité ; leurs dimensions qualitatives (complexité, toxicité) se révèlent ; leur origine (achat, utilité, responsabilité des industriels…) suscite des questions ; les quantités sont elles-mêmes mieux appréhendées (a fortiori lorsque la facturation d’une redevance accompagne le processus). Aux conseils sur les gestes du tri, il deviendra donc nécessaire d’ajouter une information et une sensibilisation sur les pratiques possibles en vue d’une consommation raisonnée. Il est essentiel de mettre systématiquement en évidence les espaces de choix dont le consommateur dispose.  » Trier ses déchets, c’est bien. Trier ses achats, c’est mieux « . A cet égard, les prescripteurs publics ont un rôle déterminant à jouer. En effet, en matière d’écoconsommation, ces choix restent encore assez souvent limités ou peu apparents, a fortiori pour des consommateurs individuels. Quelque soit le travail des associations qui les représentent ou les formes de dialogue que producteurs et distributeurs affirment mettre à leur disposition (services consommateurs…), leur capacité et leur pouvoir de pression apparaît assez limité. Tandis que les pouvoirs publics, et particulièrement l’ensemble des collectivités locales pourront davantage influer sur l’offre, grâce au poids que leur confère l’importance de leur demande. Notons enfin qu’un certain nombre de pratiques culturelles et de réflexes anti-gaspillage constituent un terrain favorable à la promotion de la prévention des déchets au sein de l’opinion publique. Des pratiques existent (brocantes, détournement d’objets…), qui s’inscrivent déjà dans cette démarche, même si ce n’est qu’implicite. De nouvelles apparaissent, comme les Systèmes d’Echanges Locaux (SEL) ou les réseaux d’échanges de savoirs, qui démontrent une attente et une vocation complémentaires de reconstitution du lien social. Il s’agit non seulement d’échanger des biens, des services, mais aussi de valoriser des savoirs faire et les personnes qui les portent. Les ressources potentielles pour le développement du compostage individuel fournissent un bon exemple : il sera l’occasion de mettre à contribution les jardiniers amateurs, les mouvements des jardins familiaux ou ouvriers, les partisans du jardinage biologique ; les retraités, pour expliquer aux plus jeunes ; les gens du cru, pour transmettre leurs pratiques aux néoruraux.

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